« Indignez-vous ! » : l'appel des Familles des détenus européens au Maroc (Bruxelles, 3 mars 2013)
Luk Vervaet
Connaissez-vous beaucoup de
grand-mères, mères, sœurs, pères, frères, enfants.. en Belgique
qui se mobilisent et manifestent chaque premier dimanche du mois ?
Connaissez-vous beaucoup de familles en Belgique qui, avec un courage
hors commun, osent affronter le climat hystérique de
l'antiterrorisme et de racisme et dénoncent l'abandon et la
stigmatisation dont elles sont victimes ?
Pour la quatrième fois, les familles
et leurs sympathisants réunies dans le Comité des familles de
détenus européens au Maroc se sont rassemblées autour du Monument
La Pasionaria (monument à l'honneur de l'immigration marocaine).
Le Comité demande :
1. Un examen
indépendant des plaintes sur la torture de leurs proches,
l'annulation des condamnations et la libération de tous ceux qui
ont été torturés, la punition des tortionnaires ;
2. Le transfert
immédiat vers la Belgique des détenus belges, double
nationalité ou non, qui le demandent ;
3. Une intervention de
protection au sein des prisons marocaines par des visites
consulaires belges à tous les détenus belges, double
nationalité ou non.
4. Une aide matérielle
aux détenus et à leurs familles, en particulier pour leurs enfants
5. L'arrêt de toute
coopération judiciaire avec le Maroc : une enquête
parlementaire sur le rôle de la Belgique, deuxième partenaire
judiciaire du Maroc au niveau international, dans les faits de
torture, cités dans le rapport Juan Mendez
Ce
3 mars, la sœur d'Ali Aarrass, le papa d'Hicham Bouhali, la femme
d'Abdelkader Belliraj, la maman de Mohamed R'ha, la sœur de Achmed
Zemmouri, la grand-mère et la sœur d'Abdellatif Bekhti, ont pris
la parole et dénoncé la situation de leurs proches dans les prisons
marocaines et la torture dont ils ont été victimes.
Ils
protestent contre le refus de Didier Reynders de
recevoir les familles des détenus, parce que leurs proches sont
« belgo-marocains ».
En
particulier, les familles ont exprimé leur solidarité avec les
familles Aarrass et Belliraj. Le
mois dernier, après la publication d'une vidéo à l'occasion de
l'anniversaire du Mouvement du 20 février, les autorités marocaines
se sont prises, non seulement au jeune auteur de la vidéo à la
prison de Salé II, mais aussi à Abdelkader Belliraj et à Ali
Aarrass. Abdelkader Belliraj, après avoir été mis en isolement à
la prison de Salé II, a été transféré à la prison de
Toulal. Ali Aarrass a à nouveau été victime de maltraitance à
la prison de Salé II.
A
cette occasion, le Comité dénonce la complicité belge dans le
procès Belliraj et demande la libération immédiate de tous les
détenus encore incarcérés dans le cadre de ce procès.
Le
6 août 2009, Robert P. Jackson, diplomate américain en poste à
Rabat, adressait un télégramme inquiétant à Washington au sujet
de la situation des droits de l’homme au Maroc dans le cadre de la
lutte antiterroriste et un procès en cours concernant Abdelkader
Belliraj. Des magistrats belges sur place, Daniel Bernard, haut
magistrat, ancien membre du parquet fédéral, et le consul belge,
Johan Jacobs, ont, tous les deux, dénoncé ce procès. Monsieur
Jacobs a déclaré que les condamnations dans ce procès étaient
tout simplement « décidées à l’avance ». La Belgique a
pourtant activement collaboré à ce procès en transférant des
documents et des dossiers permettant ainsi l’inculpation et la
condamnation des accusés. Fait déjà dénoncé par le sénateur
CD&V et professeur en droit Hugo Vandenberghe, lors de la session
plénière du Sénat le 4 mars 2010, comme « une violation de
l’article 6 de la Convention européenne si la Belgique n’a pas
de garantie que le procès va se dérouler de manière équitable et
impartiale ».
Le
29 novembre 2010, le ministre Van Ackere s'est vanté dans la Chambre
que la Belgique (ministère de la justice De Clerck) a extradé « un
ressortissant algérien vers le Maroc dans le cadre du procès
Belliraj début 2010 ». Depuis quand la Belgique a-t-elle
le droit d'extrader un ressortissant algérien au Maroc ???
Le
Comité diffusera activement le rapport de Juan Mendez sur la
torture au Maroc et invite tous les parlementaires et la presse à
une rencontre au parlement fédéral le jeudi 28 mars.
Les
familles manifesteront à nouveau le dimanche 7 avril de 12 à 14
heures. Indignez-vous ! Rejoignez- les !
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