Une nouvelle victime de la "justice" antiterroriste marocaine : Thomas Gullay, un franco-suisse, condamné à six ans de prison, comparaîtra en appel ce 23 novembre.

Thomas Gallay, condamné pour djihadisme au Maroc, clame son innocence

Accusé de "soutien financier en vue de la commission d’actes de terrorisme", il a été condamné à six ans de prison au Maroc. Il comparaîtra à nouveau mercredi en appel.

par Elsa Vigoureux, Nouvel Obs, le 18 novembre 2016

Six ans de prison. C’est la peine dont a écopé Thomas Gallay, ressortissant français de 36 ans, interpellé en même temps que neuf autres personnes dans le cadre du démantèlement d’une cellule terroriste au Maroc en février. L’ingénieur a été condamné à Rabat le 14 juillet. Sans comprendre.
Accusé de "soutien financier à des personnes en vue de la commission d’actes de terrorisme", il comparaîtra à nouveau mercredi en appel. Sa mère, Béatrice Gallay, espère alors sortir du "cauchemar", de "toute cette affaire qui est en train de briser (sa) famille et qui ne tient pas debout".

« C'est ça soutenir Daech ?"

C’est vrai que les seuls éléments à charge avancés par les autorités marocaines contre Thomas Gallay ne pèsent pas bien lourd. Les autorités marocaines lui reprochent d’avoir donné en tout et pour tout la somme de 70 euros, en trois fois et sur un an, à deux Marocains membres présumés de la cellule terroriste.

"C’est vrai, il a aidé son ami qui avait besoin de consulter un dentiste, il l’a dépanné aussi pour finir de payer un loyer. Et à une connaissance de ce copain, il a acheté une planche de surf. C’est ça soutenir Daech ?"

L’avocat français de Thomas Gallay, Frank Berton, a alerté le ministre de la Justice Jean-Jacques Urvoas sur la situation de son client par courrier recommandé le 15 novembre : "Monsieur Gallay a été condamné uniquement sur la base de déclarations devant les services de police judiciaire, bien que les procès-verbaux aient été rédigés en langue arabe, langue qu’il ne sait ni lire, ni écrire, et alors même qu’il les a réfutés devant le tribunal en les qualifiant de faux." 

Des documents qui font "notamment état de sa conversion à l’Islam, ce qui est totalement faux.

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Article de Human Rights Watch du 21 novembre 2016

Maroc : Condamnations basées sur des « aveux » douteux

Deux Français condamnés ont pourtant infirmé les dépositions en arabe

(Tunis) – Des tribunaux marocains ont récemment condamné deux ressortissants français à des peines de prison, dans des affaires sans lien entre elles, en se fondant sur des « aveux » écrits en arabe, langue qu’ils ne savent pas lire, ont déclaré aujourd’hui Human Rights Watch, la FIDH (Fédération internationale des ligues des droits de l'Homme) et Amnesty International. À peine en ont-ils entendu le contenu que les deux accusés ont réfuté ces aveux.

Ces affaires illustrent une pratique récurrente des tribunaux marocains – documentée en détail par les trois organisations – qui est de se baser sur des déclarations qui auraient été faites à la police, en tant que preuves de culpabilité. 

Les tribunaux ont l’habitude d’ignorer ou de rejeter d’office les arguments de la défense qui plaide que les policiers ont utilisé des méthodes douteuses pour obtenir des aveux et en falsifier le contenu.

 « Au Maroc, même si la police vous empêche de lire vos ‘aveux’ ou qu’ils sont rédigés dans une langue qui vous est incompréhensible – une fois que vous les signez, vous voilà embarqué sur un train fou, destination, prison », a déclaré Sarah Leah Whitson, directrice de la division Moyen-Orient et Afrique du Nord à Human Rights Watch.

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